Interview de Michel Koutchouk, Directeur Général de Infotel
Interview de Michel Koutchouk, Directeur Général de Infotel
Créée en 1979, Infotel accompagne ses clients dans la transformation digitale de leurs systèmes d’information. Le groupe emploie environ 3 400 personnes et a affiché 307,5 M€ de chiffre d’affaires en 2023. Le groupe affiche un profil particulièrement résilient avec une croissance ininterrompue depuis 20 ans, principalement en organique, portée par des secteurs tels que la banque, l’industrie, le transport dans neuf pays. Michel Koutchouk, Directeur Général et fondateur d’Infotel revient sur l’histoire du groupe en bourse.
🗸 Comment avez-vous financé votre croissance avant votre cotation ?
La société a démarré fin 1979 en tant que « start up », puis s’est développée sur ses fonds propres. En 1991, l’échec de l’acquisition d’un produit logiciel aux États-Unis nous a montré qu’il fallait pouvoir disposer de ressources financières si nous voulions pouvoir continuer notre croissance. Nous avons tout d’abord fait entrer un financier extérieur, un fonds de private equity en 1993, puis l’idée de l’introduction en Bourse s’est progressivement imposée
🗸 Pourquoi avoir choisi la bourse ?
D’abord la cotation permettait de trouver rapidement des financements en cas d’identification d’une cible à acquérir. Puis, elle permettait le développement de notre notoriété auprès de clients potentiels et de candidats. La possibilité d’associer le personnel avec des outils comme les stock-options quand la fiscalité n’était pas dissuasive présentait également un avantage intéressant à nos yeux. Et enfin, la possibilité de se comparer avec les autres acteurs du secteur pouvait mettre en évidence nos qualités et nos spécificités. C’est ainsi que le 21 janvier 1999, les actions d’Infotel étaient cotées au Nouveau Marché de la Bourse de Paris, à un cours de 26,83 €, représentant une capitalisation boursière de 31,25 M€. Aujourd’hui la société vaut près de 10 fois sa valeur initiale.
🗸 Quel retour d’expérience sur votre cotation?
Être coté présente de nombreux avantages. D’abord l’obligation de transparence nous permet de faire émerger la confiance. En tant que société cotée, la possibilité de faire appel public à l’épargne oblige à la clarté envers les investisseurs et les épargnants. Notre Document d’Enregistrement Universel validé par les commissaires aux comptes et diffusé sur notre site et sur celui de l’AMF illustre cet effort. La notoriété : les informations concernant une société cotée sont largement diffusées et commentées dans les publications financières. Les analystes et les journalistes nous font une bonne publicité qui influence à la fois les décisions de nos clients et celles de nos candidats. La liquidité : pouvoir vendre des actions, ou en racheter fait partie des avantages de la Bourse. On peut également nantir ses titres pour passer un cap et faire un achat immobilier. En termes de transmission, la bourse permet de transmettre plus facilement par des prises de participation partielles ou totales, avec une certaine progressivité.
A contrario, nous avons des contraintes réglementaires importantes : il faut produire tous les ans un Document d’Enregistrement Universel (DEU) qui est de plus en plus épais ! Publier un communiqué de presse de présentation des comptes tous les trimestres ou dès qu’un événement important risque d’affecter les résultats, avoir une partie financière sur le site internet, respecter tous les règlements de l’AMF. Les coûts ensuite : la cotation revient cher, car il faut avoir deux commissaires aux comptes différents, une agence de communication financière, des banques pour la tenue de marché et l’analyse financière, et Euronext, l’AMF et la SFAF qu’il faut aussi payer, plus les TPI pour connaître ses investisseurs. L’irrationnel enfin : en Bourse, il y a des hauts et des bas que vous ne maîtrisez pas.
🗸 Quel message à un dirigeant qui réfléchit à aller en bourse ?
L’introduction en Bourse est une garantie pour l’avenir : la société est connue, transparente et appréciée. Sa pérennité ne pose pas de problème. En parallèle, la cotation permet de transformer une partie de son travail d’entrepreneur en patrimoine « sonnant et trébuchant », de transmettre son entreprise à des successeurs choisis dans sa famille, ou à des managers internes intéressés au capital via des actions gratuites. L’intérêt ? On peut emprunter la conclusion à André Gide, qui écrivait dans « Les Faux-Monnayeurs » (n’y voyez pas de lien avec la finance) : « Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant. »