Mieux comprendre l’activité M&A des PME dans les régions françaises

29 | 01 | 2020

Mieux comprendre l’activité M&A des PME dans les régions françaises

Entretien avec Marc Sabaté, Jessy-Laure Carol et Franck Lamotte, respectivement Directeur Général, Directeur Associée et Responsable Data d’In Extenso Finance & Transmission

 

Fondée sur l’identification et l’analyse des cessions-acquisitions de PME en France au cours du premier semestre 2019, la troisième édition du Panorama Régions et Transmission publiée par In Extenso Finance et Transmission avec la collaboration de Epsilon Research, a pour ambition de contribuer à une meilleure compréhension des tendances de l’activité M&A en régions. Volume de transactions, dynamisme de l’activité M&A, place des personnes physiques dans les transactions, secteurs les plus actifs… Autant d’informations inédites sur lesquelles reviennent Marc Sabaté, Jessy-Laure Carol et Franck Lamotte, respectivement Directeur Général, Directeur Associée et Responsable Data d’In Extenso Finance & Transmission.

 

Comment analysez-vous l’évolution de l’activité M&A des PME au premier semestre 2019 ?

« Pour cette troisième édition de notre Panorama, nous avons recensé et étudié sur cette période 287 opérations de cession majoritaire et concernant des PME dont la valorisation est comprise entre 1 et 50 millions d’euros. L’un des enseignements forts de ce 3ème panorama est le fait que les deux tiers de l’activité M&A ont été réalisés en région, contrairement au panorama précédent dans lequel l’Ile-de-France portait la majorité des opérations. Si cette dernière se maintient logiquement en tête avec 35% du volume des transactions en raison du grand nombre de sièges d’entreprises et d’acteurs financiers présents dans le bassin parisien, les 11 autres régions rassemblent 65% de l’activité, un chiffre en hausse par rapport au 1er semestre 2018 (avec 52% des transactions). Cela montre la résilience, en région, de la dynamique de ce marché. »

 

Votre Panorama s’intéresse au dynamisme de l’activité M&A des PME dans les diverses régions françaises depuis 2010. Que faut-il en retenir ?

« En effet, pour mesurer le dynamisme des transactions, nous avons rapproché le nombre de cessions du panel au nombre de PME de chacune des régions. Cette information nous permet de présenter un indice de dynamisme des transactions, non pas comme un taux de cession par région mais plutôt comme un outil de comparaison entre les régions. Ce que nous apprend cet index, c’est qu’en matière de dynamisme de l’activité M&A, les régions françaises présentent un visage contrasté. Depuis 2010, le haut du classement est tenu par l’Ile de France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Ces deux régions sont d’ailleurs historiquement et économiquement « fortes » en termes de localisation du pouvoir économique pour la première et d’entrepreneuriat et de capitalisme familial pour la deuxième. A contrario, le trio Normandie, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté oscille entre les 10e et 12e places sur l’ensemble de la période, probablement marqué par un poids historique du secteur agricole.

 

Quels sont les principaux facteurs qui influencent le dynamisme de l’activité M&A des PME ?

« Ce Panorama nous apprend que, pour les cessions comme pour les acquisitions, les deux principaux facteurs influençant le dynamisme M&A des PME sont l’attractivité du secteur d’activité de l’entreprise et sa taille. Par attractivité, il faut comprendre comment est perçue l’activité de l’entreprise au regard des deux principales composantes de son exploitation : la récurrence du modèle de revenu et la capacité de ce même modèle à générer de la rentabilité. On peut aussi parler d’attractivité sectorielle comme fonction inverse du « risque » inhérent à l’entreprise cible. Autre élément prépondérant pour les cédants : le taux d’autofinancement de leur entreprise, c’est-à-dire sa capacité à dégager des ressources pour assurer sa pérennité et pour assurer le remboursement d’une dette d’acquisition. Pour les acquéreurs, c’est assez naturellement le taux de trésorerie (leur capacité à financer une opération) qui vient compléter le podium des facteurs de dynamisme M&A. »

 

Quels sont les secteurs les plus actifs en matière de M&A au premier semestre ?

« Pour cette 3e édition, le Panorama In Extenso Finance & Transmission s’enrichit en effet d’un nouvel indice mesurant le dynamisme et l’attractivité des secteurs d’activité. Comme l’illustre le podium ci-dessous, les activités liées à la transformation digitale se distinguent clairement des autres secteurs dans sa contribution au dynamisme des régions ; preuve que les opérations de transmission en région sont également de bons « signaux » des tendances en cours dans nos économies régionales ».

En dehors de ces secteurs, la fabrication de matériel médico-chirurgical et dentaire et les agences de publicité démontrent également un réel dynamisme en matière de cessions et acquisitions de PME.

 

Les personnes physiques représentent-elles un fort pourcentage des reprises de PME ?

« Réparties entre « insiders » (fondateurs ou managers) et « outsiders » (repreneurs extérieurs), les personnes physiques ont représenté au premier semestre 2019 un total de 23% des transactions analysées, contre 28% en 2017 et 2018. Il est intéressant de noter que les données disponibles depuis 2010 laissent apparaitre une relative stabilité de cette proportion.

Parmi les opérations réalisées par les managers, plus de 80% sont accompagnées par un ou des fonds d’investissement. L’importance de ces derniers dans la reprise des entreprises s’explique notamment par la progression des opérations de type Owner Buy-Out (OBO) avec association des managers et Leveraged Buy-Out (LBO bis, ter…). On retiendra donc que sont essentiellement des managers, déjà en place et souvent aux commandes de l’entreprise, et la plupart du temps soutenus par un fonds, qui sont acteurs de ces opérations.

Il s’agit probablement d’un signe d’évolution du marché de la transmission vers plus de maturité. En effet, pour un dirigeant-propriétaire, la transmission de l’entreprise, souvent source d’angoisses ou de blocages, est facilitée quand elle s’opère sur le temps long et progressivement.

 

 

 

Pour Fusions & Acquisitions Magazine n°307 janvier 2020

Avis d’Expert – Palmarès 2019

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